Nicolas maniak
18/9/2025

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Reconnaissance des testaments étrangers en Suisse et en France

Vous avez des biens en France et en Suisse ? Votre testament pourrait poser des problèmes si vous ne respectez pas les lois des deux pays. Pourquoi ? Parce que la France impose la réserve héréditaire, tandis qu’en Suisse, la liberté testamentaire est plus large. Ces différences peuvent compliquer la reconnaissance de votre testament à l’étranger.

Points clés :

  • France : Priorité aux héritiers réservataires (enfants, conjoint).
  • Suisse : Plus de liberté pour répartir son patrimoine.
  • Conventions internationales : La Haye (1961) et Washington (1973) facilitent la reconnaissance des testaments.
  • Testament international : Une solution pour simplifier les démarches transfrontalières.
  • Consultation d’experts : Indispensable pour éviter des conflits juridiques et fiscaux.

Planifiez soigneusement vos dispositions pour garantir leur validité des deux côtés de la frontière.

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Règles juridiques pour la reconnaissance des testaments étrangers

La reconnaissance des testaments étrangers entre la Suisse et la France repose sur des cadres juridiques internationaux et nationaux qui établissent les conditions nécessaires à leur validation.

La Convention de La Haye de 1961

La Convention de La Haye du 5 octobre 1961 sur les conflits de lois en matière de forme des dispositions testamentaires joue un rôle clé dans la reconnaissance des testaments entre la France et la Suisse. Ratifiée par les deux pays, elle fixe des normes communes pour évaluer la validité formelle des testaments.

D’après cette convention, un testament est considéré comme valide s’il respecte l’une des lois suivantes : celle du lieu où le testament a été rédigé, celle de la nationalité du testateur, celle de son domicile, ou encore celle du lieu où se trouvent les biens immobiliers concernés. Cette flexibilité facilite la reconnaissance des testaments au-delà des frontières.

Pour les citoyens franco-suisses, cela signifie qu’un testament olographe rédigé en France selon le droit français sera généralement accepté en Suisse, même si les exigences formelles diffèrent. De même, un testament authentique établi devant un notaire suisse pourra être exécuté en France sans grandes difficultés.

Cependant, cette convention ne s’applique qu’aux aspects formels des testaments, laissant de côté les questions de fond comme la réserve héréditaire française ou les différences juridiques entre les deux pays.

La Convention de Washington de 1973

Convention de Washington

La Convention de Washington du 26 octobre 1973, qui introduit le concept de "testament international", offre une autre solution pour simplifier la reconnaissance des testaments à l’échelle internationale. Ce type de testament repose sur des règles uniformes qui garantissent sa validité dans les pays signataires.

La France a ratifié cette convention en 1994, suivie par la Suisse en 2005. Le testament international peut être rédigé par le testateur ou par une tierce personne, mais il doit être déclaré comme testament devant deux témoins et une personne habilitée.

Ce format est particulièrement utile pour les personnes binationales ou celles possédant des biens dans plusieurs pays. Il élimine les incertitudes liées à la forme et simplifie les démarches transfrontalières. Malgré ses avantages, son usage reste peu fréquent en raison des formalités complexes et du nombre limité de professionnels habilités à le recevoir.

Lorsque ces conventions ne suffisent pas, les lois nationales prennent le relais pour encadrer les aspects non couverts.

Lois nationales sur les testaments étrangers

En complément des conventions internationales, les législations nationales jouent un rôle important dans la reconnaissance des testaments étrangers.

En France, l'article 3 du Code civil et le droit international privé, renforcés par le Règlement européen 650/2012, déterminent les règles en matière de succession. Les biens mobiliers sont soumis à la loi nationale du défunt, tandis que les biens immobiliers suivent la loi du lieu où ils se trouvent. Depuis août 2015, la loi applicable à l’ensemble de la succession correspond généralement à celle de la résidence habituelle du défunt, sauf si ce dernier a exprimé un choix différent.

En Suisse, la Loi fédérale sur le droit international privé (LDIP) fixe les règles applicables. L’article 90 LDIP stipule que la succession est régie par le droit du pays où le défunt avait son domicile au moment de son décès. Cependant, le défunt peut choisir que sa succession soit régie par la loi de son pays de nationalité.

Ces approches divergentes peuvent entraîner des situations complexes. Par exemple, un Français domicilié en Suisse pourrait voir sa succession régie par le droit suisse selon les règles suisses, mais par le droit français selon les règles françaises. Une coordination juridique minutieuse est alors nécessaire pour éviter des conflits de lois.

Enfin, les tribunaux français et suisses appliquent des principes d’ordre public qui peuvent limiter la reconnaissance d’un testament étranger. Si certaines dispositions testamentaires vont à l’encontre des valeurs fondamentales du pays où le testament est examiné, elles peuvent être modifiées ou rejetées.

Ce qui rend un testament étranger valide

La reconnaissance d’un testament étranger en Suisse et en France repose sur des critères précis, à la fois sur la forme et sur le contenu.

Exigences de forme

En France, la validité formelle d’un testament étranger est encadrée par la Convention de La Haye de 1961. De plus, le droit de l’Union européenne permet aux testateurs de choisir explicitement la loi de leur nationalité pour régir leur succession, ce qui peut simplifier les démarches dans un contexte international.

En Suisse, les testaments étrangers sont également reconnus s’ils respectent la Convention de La Haye de 1961. Par ailleurs, un testament rédigé à l’étranger peut être accepté s’il est conforme aux lois du pays d’origine du testateur ou à celles de son dernier domicile.

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, la révision de la Loi fédérale sur le droit international privé (LDIP) modernise les règles applicables aux successions internationales, permettant une meilleure harmonisation avec les évolutions juridiques européennes.

Le testament international, tel que défini par la Convention de Washington de 1973, doit être signé en présence d’un notaire et de deux témoins. Il doit ensuite être enregistré auprès du Fichier central des dispositions de dernières volontés (FCDDV), garantissant ainsi sa traçabilité.

Exigences de contenu

Les exigences substantielles concernent les dispositions mêmes du testament. En France, même si le testament respecte les formes légales, il peut être jugé invalide si son contenu enfreint les règles de la réserve héréditaire. Ce principe protège une part des biens du défunt pour les héritiers réservataires, notamment les enfants. Depuis 2021, une loi française permet d’invalider l’application d’une loi étrangère choisie par le testateur si celle-ci porte atteinte aux droits des héritiers protégés, en particulier lorsque le testateur ou ses enfants sont citoyens ou résidents de l’Union européenne.

Les autorités françaises peuvent également refuser d’appliquer des dispositions contraires à l’ordre public local, notamment en cas de discrimination liée au sexe ou au statut de naissance.

Par ailleurs, la validité d’un testament en France repose sur plusieurs critères : le testateur doit être sain d’esprit, comprendre le contenu de son testament et ne pas avoir été influencé de manière abusive.

En Suisse, la LDIP révisée conserve le principe d’unité de la succession. Cela signifie que l’ensemble du patrimoine mondial d’un défunt est régi par une seule juridiction, généralement celle de son dernier domicile. Les ressortissants suisses vivant à l’étranger peuvent toutefois inclure dans leur testament une clause de réserve, leur permettant de choisir une autre juridiction compétente pour leur succession.

Comment enregistrer et exécuter les testaments étrangers

Une fois la validité du testament confirmée, son enregistrement et son exécution suivent des étapes spécifiques.

En France, le testament doit être traduit si nécessaire, puis enregistré auprès du FCDDV. En Suisse, la LDIP révisée prévoit un processus coordonné, désignant clairement la juridiction compétente pour chaque cas. Les autorités suisses peuvent ainsi renoncer à leur compétence lorsque des autorités étrangères traitent déjà la succession. De plus, les ressortissants étrangers ayant leur dernier domicile en Suisse peuvent désigner les autorités de leur pays d’origine pour gérer leur succession, excluant ainsi l’intervention des juridictions suisses.

Pour garantir la validité et la conformité d’un testament couvrant des biens en France et en Suisse, il est fortement conseillé de consulter des experts en droit international des successions. Ces professionnels transfrontaliers peuvent s’assurer que le testament respecte les exigences légales des deux pays, aussi bien sur la forme que sur le fond.

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Suisse vs France : Comparaison des processus de reconnaissance

Après avoir exploré les aspects juridiques, intéressons-nous aux démarches pratiques en France et en Suisse. Les procédures pour reconnaître un testament étranger varient entre ces deux pays, notamment en ce qui concerne l'application des normes internationales et des règles locales.

Processus en France et en Suisse

En France, la reconnaissance d’un testament étranger repose sur une double vérification : il doit respecter les exigences des conventions internationales tout en étant conforme à la législation française.

En Suisse, la reconnaissance est plus flexible : un testament étranger est accepté s’il respecte soit les lois du pays où il a été rédigé, soit celles du dernier domicile du testateur. Ces différences reflètent des approches distinctes, adaptées aux contextes juridiques de chaque pays.

Points de divergence principaux

Voici les distinctions majeures entre les deux systèmes :

  • France : Le cadre juridique combine les conventions internationales et les spécificités nationales pour valider un testament étranger.
  • Suisse : L’approche repose sur la conformité avec les lois du pays d’origine ou du dernier domicile du défunt, offrant plus de souplesse.

Ces différences montrent à quel point il est essentiel, dans un contexte transfrontalier, de bien connaître les règles de chaque pays pour garantir une reconnaissance efficace des testaments étrangers.

Comment planifier correctement les successions transfrontalières

Pour gérer efficacement une succession impliquant plusieurs pays, il est crucial d’élaborer une stratégie qui prend en compte les spécificités juridiques de la France et de la Suisse. Une planification rigoureuse peut éviter des conflits coûteux et garantir que les dernières volontés soient respectées.

Rédiger des testaments adaptés à plusieurs juridictions

Créer un testament qui soit reconnu à la fois en France et en Suisse nécessite de respecter les exigences légales propres à chaque pays. Une solution souvent privilégiée est le testament international, établi selon la Convention de Washington de 1973. Ce type de testament est conçu pour satisfaire les critères de forme des deux juridictions. Pour être valide, il doit être rédigé par écrit, signé en présence de deux témoins et d'une personne habilitée.

La langue du testament joue également un rôle clé. En France, un testament rédigé en français sera plus facilement accepté, tandis qu’en Suisse, l’allemand, le français ou l’italien sont couramment utilisés. Prévoir une traduction certifiée peut éviter des malentendus ou des complications administratives.

De plus, il est essentiel d’inclure des clauses de révocation claires pour éviter d’annuler par inadvertance des dispositions antérieures. Indiquez précisément quelles parties du testament précédent restent valides et lesquelles sont modifiées.

Harmoniser les testaments entre les pays

L’harmonisation des testaments est indispensable pour éviter des conflits d’interprétation. Lorsque plusieurs documents successoraux coexistent, le risque de contradictions augmente. Une approche judicieuse consiste à rédiger des testaments complémentaires, plutôt que des documents totalement indépendants. Par exemple, un testament principal pourrait couvrir les biens immobiliers situés en France, tandis qu’un testament complémentaire s’occuperait des actifs localisés en Suisse. Cela permet de respecter les lois spécifiques de chaque pays tout en assurant une cohérence globale.

Les régimes matrimoniaux et les règles de réserve héréditaire diffèrent entre la France et la Suisse, ce qui peut compliquer les dispositions testamentaires. En France, la réserve héréditaire protège certains héritiers, tandis qu’en Suisse, le testateur dispose de plus de liberté pour répartir ses biens. Une coordination minutieuse est donc essentielle pour éviter des conflits juridiques.

Il est également important de mettre à jour les testaments après des événements majeurs, comme un mariage, un divorce ou une naissance. Ces changements peuvent avoir un impact direct sur les droits successoraux et nécessitent une révision des dispositions testamentaires. Faire appel à des experts peut s’avérer indispensable pour garantir une harmonisation efficace.

Solliciter une expertise professionnelle

La gestion des successions transfrontalières est complexe et nécessite l’intervention de professionnels spécialisés. Les implications juridiques et fiscales, souvent différentes entre la France et la Suisse, demandent une connaissance approfondie des deux systèmes.

Des organisations comme Planifique accompagnent les particuliers dans leur planification financière transfrontalière. Que ce soit pour des travailleurs frontaliers ou des résidents ayant des intérêts dans les deux pays, ces experts aident à élaborer des stratégies successorales optimisées, adaptées aux spécificités fiscales de chaque juridiction.

Une équipe composée d’un avocat en droit international privé, d’un conseiller fiscal et de notaires peut garantir une planification cohérente et bien structurée. Cette approche collaborative permet d’aborder les différents aspects des successions de manière complète.

Enfin, les conventions fiscales entre la France et la Suisse jouent un rôle déterminant. Ces accords définissent quel pays peut imposer les différents types de biens et permettent d’éviter la double imposition. Une bonne maîtrise de ces mécanismes est essentielle pour transmettre un patrimoine dans les meilleures conditions possibles.

Points clés pour la reconnaissance des testaments étrangers

Voici les éléments essentiels à connaître pour assurer la reconnaissance des testaments étrangers en France et en Suisse.

La reconnaissance des testaments étrangers repose sur des principes juridiques précis et souvent complexes. Les conventions internationales, comme celle de La Haye de 1961 et celle de Washington de 1973, servent de base juridique à cette reconnaissance. Cependant, leur mise en œuvre peut varier selon les spécificités de chaque succession.

Pour qu’un testament étranger soit considéré valide, il doit répondre aux critères du pays où il a été établi tout en respectant les exigences légales du pays dans lequel la reconnaissance est demandée. Par exemple, un testament olographe rédigé en France est généralement accepté en Suisse, à condition qu’il respecte les règles formelles. En revanche, un testament authentique suisse peut nécessiter une validation supplémentaire par des autorités compétentes. Ces nuances soulignent l'importance d'une stratégie successorale transfrontalière bien pensée.

Les différences dans les procédures administratives entre la France et la Suisse peuvent entraîner des délais supplémentaires pour la reconnaissance des testaments. Il est donc crucial de bien maîtriser les démarches spécifiques à chaque juridiction afin d'anticiper et de simplifier la planification successorale.

En matière de fiscalité, l’harmonisation reste un défi. Malgré les conventions franco-suisses, les règles fiscales varient en fonction de la nature des héritiers et de l’emplacement des biens concernés.

Une coordination professionnelle est essentielle pour éviter des erreurs coûteuses, qu’il s’agisse de frais juridiques ou de sanctions fiscales. Faire appel à des experts des deux juridictions permet de garantir une transmission du patrimoine conforme aux lois des deux pays tout en optimisant les aspects financiers.

Pour toute personne envisageant une succession transfrontalière, ces points sont cruciaux pour éviter des complications juridiques et fiscales. Des spécialistes, tels que Planifique, peuvent offrir un accompagnement précieux. Leur expertise en planification transfrontalière aide à concevoir des solutions adaptées aux spécificités juridiques et fiscales de la France et de la Suisse, assurant ainsi une transmission du patrimoine dans les meilleures conditions possibles.

FAQs

Comment garantir que mon testament soit reconnu en France et en Suisse ?

Pour que votre testament soit valable à la fois en France et en Suisse, il est crucial de respecter les règles juridiques propres à chaque pays. En France, un testament rédigé à l'étranger est généralement accepté à condition qu’il suive les formes légales en vigueur dans le pays de rédaction. En Suisse, les personnes domiciliées sur son territoire sont soumises au droit successoral suisse. Cependant, les étrangers ont la possibilité de choisir que leur succession soit régie par la loi de leur pays d’origine, sous certaines conditions.

Pour éviter tout malentendu ou problème juridique, il est fortement conseillé de consulter un notaire dans chacun des deux pays. Vous pouvez également rédiger votre testament en vous conformant aux exigences locales. Dans bien des cas, une validation par un notaire ou une autorité compétente est indispensable pour officialiser un testament rédigé à l’étranger. Cela réduit les risques de litiges et garantit que vos volontés seront respectées.

Quelles sont les différences entre un testament international et un testament national en matière de reconnaissance juridique entre pays ?

Les testaments internationaux sont conçus pour être reconnus dans plusieurs pays, grâce à leur conformité à des conventions internationales, telles que la Convention de La Haye de 1961. Cela facilite leur acceptation et leur mise en œuvre dans les juridictions des pays signataires, réduisant ainsi les obstacles juridiques liés à leur validité à l'étranger.

À l'inverse, les testaments nationaux doivent se conformer aux lois spécifiques du pays où ils sont rédigés. Leur reconnaissance dans d'autres juridictions peut s'avérer plus complexe, sauf en présence d'accords ou de conventions spécifiques, comme le règlement Bruxelles IV pour les pays membres de l'Union européenne. Pour éviter d'éventuelles complications, il est crucial de bien comprendre les exigences légales des pays impliqués.

Quels sont les risques si mon testament ne respecte pas les règles de la réserve héréditaire en France ?

En France, la réserve héréditaire garantit une part minimale de l'héritage à certains héritiers, principalement les enfants. Si un testament enfreint ces règles, les héritiers réservataires ont la possibilité d’intenter une action en réduction afin de contester ou d’ajuster les dispositions non conformes.

Cette situation peut conduire à l’annulation partielle du testament, provoquer des tensions familiales et retarder le règlement de la succession. Pour éviter ces problèmes, il est crucial de s’assurer que votre testament respecte les lois françaises, en particulier si vous vivez à l’étranger ou détenez des biens en France.

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